Les travaux de l’Anses pour mieux connaitre les perturbateurs endocriniens
De nombreuses substances sont suspectées de perturber le système endocrinien, telles que les bisphénols, les phtalates, les parabènes, les composés bromés et perfluorés ou encore les alkylphénols. Depuis de nombreuses années, l’Anses mène un important travail pour évaluer les substances chimiques ayant des propriétés potentielles de perturbation endocrinienne. Elle finance également des recherches pour mieux connaître les effets et les mécanismes d’action de ces substances et évalue l’exposition de la population.
Contribuer à la définition européenne des perturbateurs endocriniens
L’Anses s’est prononcée sur les critères définissant les perturbateurs endocriniens. Cette définition concerne les substances couvertes par le règlement REACH (réglementation sur l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des produits chimiques) ou contenues dans les produits phytopharmaceutiques et les produits biocides. Son avis a été rendu suite à l’analyse des différentes options de définition proposées par la Commission européenne. Cette définition a été adoptée en 2017 au niveau européen (règlements UE 2017/2100 et UE 2018/605).
Depuis le 22 décembre 2022, une classe de danger « Perturbateur Endocrinien » a été incluse dans le règlement CLP relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances et des mélanges. Ceci permet une définition transversale et identique quel que soit l’usage des substances chimiques. De plus, cette classification de danger, qui distingue les perturbateurs endocriniens suspectés et présumés/avérés, permet de prendre en compte les niveaux de preuve variables. Enfin, la mise en place de cette nouvelle classe de danger assure une identification et une communication claires sur les dangers des substances pour les travailleurs et les consommateurs.
Selon cette définition, une substance est identifiée comme perturbateur endocrinien si elle remplit les trois conditions suivantes :
- Elle possède une activité endocrinienne, c’est-à-dire qui intèrfère avec le fonctionnement hormonal ;
- Elle produit des effets néfastes chez un organisme intact ou ses descendants ou les générations futures ;
- Il existe un lien biologique plausible entre l’activité endocrinienne et l’effet néfaste.
Evaluer ces substances chimiques
Au niveau national : les stratégies nationales sur les perturbateurs endocriniens
La France est le premier pays à s’être doté d’une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, avec la SNPE 1 de 2014 à 2016, suivie de la SNPE 2 de 2019 à 2024. L’Anses a participé à l’élaboration de ces stratégies. Dans ce cadre, elle s’est vue confier l’évaluation d’au moins cinq substances par an, puis, à partir de 2021, de 6 substances chimiques dans le cadre du règlement Reach et de trois substances biocides et/ou phytopharmaceutiques.
Des travaux de priorisation des substances ont été réalisés dans le cadre de la SNPE 2. L’Agence a établi une liste de 906 substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne potentielle. Parmi ces dernières, l’Anses a identifié 16 substances prioritaires, qu’elle considère comme devant faire l’objet d’une évaluation de leur danger en tant que perturbateur endocrinien. Elle a aussi développé une méthodologie d’évaluation des substances chimiques en vue de leur catégorisation selon le degré de probabilité d’être un perturbateur endocrinien (catégories avérées, présumées ou suspectées).
Au niveau européen : une répartition des évaluations entre États-membres
Toutes les substances actives phytopharmaceutiques ou biocides faisant l’objet d’une demande d’approbation ou de ré-approbation sont évaluées au niveau européen, notamment en ce qui concerne les effets perturbateurs endocriniens. L’Anses, en tant qu’autorité compétente d’évaluation pour la France, a été chargée de l’évaluation de plusieurs dizaines d’entre elles. Ces travaux visent notamment à identifier les substances très préoccupantes (SVHC) pour leurs propriétés de perturbation endocrinienne dans le cadre du Règlement sur l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des produits chimiques (REACH). Cette identification conduit à l’interdiction d’utiliser ces substances sauf autorisation renouvelable.
Aujourd’hui, il s’agit de porter des dossiers de Classification harmonisée dans le cadre du règlement CLP.
L’Anses a ainsi identifié le bisphénol A comme perturbateur endocrinien pour l’être humain ou plus récemment le Tris(nonylphenyl) phosphite et le bisphénol B. Elle a aussi évalué des familles de substances, telles que les perfluorés, des phtalates et des polybromés. Au-delà de leurs effets, leurs usages et les sources d’exposition, la contamination de différents milieux par ces substances a été étudiée.
Étudier la contamination des êtres-humains et de l’environnement
Des partenariats européens
L’Anses a participé au programme HBM4EU de 2017 à 2022 et coordonne le partenariat PARC (partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques) depuis 2022. HBM4EU visait à évaluer l’exposition des citoyens européens aux substances chimiques. PARC poursuit cet objectif, tout en développant de nouvelles méthodes pour juger des effets de ces substances sur la santé et l’environnement. Les substances ayant des propriétés de perturbation endocrinienne ainsi que les méthodes pour les évaluer font partie des thématiques de ces recherches.
Des campagnes d’évaluation dans les eaux et l’alimentation
Au sein de l’Anses, le Laboratoire d’hydrologie de Nancy étudie la présence de composés dans les ressources en eau et dans l’eau potable. Certaines de ses campagnes de surveillance incluent des perturbateurs endocriniens.
Par ailleurs, l’Anses a mené plusieurs études de l’alimentation totale (EAT). Celles-ci mesurent l’exposition par voie alimentaire de la population générale, et en particulier des enfants, à des substances d’intérêt, dont certaines pouvant avoir une action de perturbateur endocrinien.
Financer la recherche pour mieux comprendre les perturbateurs endocriniens
L’Anses pilote le Programme national de recherche Environnement-santé-travail (PNR EST). Depuis 2006, ce programme finance des recherches sur les risques pour la santé liés à notre environnement, y compris professionnel, et sur les risques pour les écosystèmes.
Les perturbateurs endocriniens font partie des priorités inscrites dans les appels à projets de recherche du PNR EST lancés chaque année. Depuis 2018, un financement spécifique est alloué par le ministère chargé de l’environnement pour financer des projets de recherche sur cette thématique.
> Consulter les cahiers de la recherche n°13 - "Les perturbateurs endocriniens" (PDF)
> Consulter le cahier de la recherche n°23 sur les perturbateurs endocriniens (PDF)