Intoxications accidentelles des enfants : quelles sont les plus fréquentes et les plus graves ?
Produits de nettoyage, médicaments, appareils de chauffage, piles-boutons font partie de notre quotidien mais peuvent être sources d’accidents pour nos enfants. Les intoxications dont ils sont victimes sont fréquentes et parfois graves, surtout pour les plus jeunes. C’est ce que mentionne le bilan de l’Anses qui a analysé, en collaboration avec Santé publique France, différentes données issues des Centres antipoison (CAP), des passages aux urgences, des hospitalisations et des décès de 2014 à 2020. Ces accidents étant évitables, il est indispensable de sensibiliser l’entourage des enfants à ces risques et aux bonnes pratiques pour les prévenir.
Les intoxications se produisent essentiellement les premières années de la vie alors que l’enfant commence à se lever, attraper et mettre à la bouche des produits auxquels il accède seul et qui ne lui sont pas destinés.
Lessives, médicaments et monoxyde de carbone à l’origine des intoxications les plus fréquentes et les plus graves
Parmi les produits de nettoyage et d’entretien, les lessives sont les principales causes d’intoxications, en particulier les dosettes de lessive liquide, et ce malgré une réduction de moitié de ces intoxications grâce aux mesures européennes obligatoires prises à partir de 2015. Ces produits peuvent entraîner des effets graves sur la santé : détresse respiratoire en cas de fausse route ou lésions cornéennes graves en cas de projection oculaire.
Bien que moins fréquents, les produits déboucheurs pour canalisation provoquent des intoxications graves en cas d’ingestion accidentelle, du fait de lésions corrosives de l’œsophage et de l’estomac.
Les médicaments sont responsables d’intoxications fréquentes et graves chez les enfants de moins de six ans. En cause, l’ibuprofène, l’aspirine et le paracétamol, les antidépresseurs, les anxiolytiques mais aussi les médicaments pour le système cardio-vasculaire. Les enfants de moins d’un an sont le plus souvent victimes d’une erreur thérapeutique de l’entourage ou de soignants.
A la maison, les plus petits sont particulièrement vulnérables aux intoxications au monoxyde de carbone. Ce gaz toxique incolore et inodore peut être produit lors d’une mauvaise utilisation des appareils de chauffage. Il s’agit de la première cause d’hospitalisation en réanimation des enfants de moins d’un an.
D’autres causes d’intoxications graves : le cannabis et les piles-boutons
Entre 2014 et 2020, les intoxications par ingestion de cannabis ont augmenté en fréquence, en particulier chez les enfants de moins d’un an, mais aussi en gravité : le pourcentage d’admission en réanimation suite à un passage aux urgences a doublé chez les moins de six ans (de 5 % à 11 %).
Autre source d’intoxication grave, les piles-boutons sont parmi les petits objets particulièrement dangereux en cas d’ingestion : elles causent des lésions de l’œsophage potentiellement mortelles.
Comment prévenir ces accidents ?
Un accident étant vite arrivé, quelques gestes sont essentiels pour prévenir ces situations :
- mettre hors de portée de l’enfant les petits objets ou les produits, y compris lorsqu’il n’est pas à son domicile.
- éviter le déconditionnement : lorsque un produit ménager est transvasé dans une bouteille d’eau, de soda ou de jus de fruit, les enfants sont particulièrement exposés à une ingestion accidentelle
- ranger tous les médicaments : ceux qui sont prescrits aux enfants, comme ceux de toute la famille ou encore ceux des animaux de compagnie,
- veiller au bon usage des appareils de chauffage à risque d’émission de monoxyde de carbone
Un bilan collaboratif couvrant la période 2014-2020
Ces résultats sont issus du bilan des intoxications accidentelles ayant touché des enfants de moins de 15 ans réalisé par l’Anses de début 2014 à fin 2020. Pour ce faire, l’Agence s’est appuyée sur les données des Centres anti-poison et d’autres bases de données sanitaires, en collaboration avec Santé publique France et des experts urgentistes et toxicologues des Centres antipoison :
- Les passages aux urgences issus de l’Organisation de la surveillance coordonnée des urgences;
- Les hospitalisations issues du Programme de médicalisation des systèmes d’information ;
- Les données de mortalité issues du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès.