Les conséquences d’une exposition aiguë au glyphosate sur les truites
Un travail de recherche de l’Anses montre que l’exposition à une concentration élevée en glyphosate ne diminue pas la résistance des truites aux infections virales. Cependant, l’enchaînement de ces deux stress, chimique puis infectieux, a révélé des modifications de l’activité de certaines enzymes du métabolisme énergétique chez les poissons.
Après avoir testé l’effet d’une exposition chronique à de faibles doses de glyphosate pur ou mélangé à des co-formulants, des scientifiques de l’unité Virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons, au sein du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses ont exposé des truites âgées de cinq mois pendant quatre jours à une concentration de 500 µg de glyphosate par litre d’eau. Cette concentration est 75 fois plus faible que la dose létale médiane (causant la mort de la moitié de la population) établie par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour la truite arc en ciel (38 mg/l). Les expérimentations, réalisées à la fois avec le glyphosate pur, et avec deux produits herbicides contenant du glyphosate, n’ont pas induit de changement physiologique majeur chez la truite.
Exposition au glyphosate puis à un virus : un double défi
Même si les truites ne semblent pas avoir subi de perturbations importantes, il est possible que les effets de l’exposition au glyphosate et/ou aux co-formulants représentent un coût métabolique pour les poissons, qui pourrait les handicaper pour faire face à un second stress environnemental. Après l’exposition aux produits chimiques, les chercheurs ont donc testé la capacité des truites à résister à une infection virale.
Aucune différence significative de mortalité n’a été observée entre les groupes exposés et non exposés aux produits chimiques, les taux de mortalité causés par le virus allant de 60 % à 67 %. Les deux facteurs de stress combinés ont néanmoins eu des effets sur l’activité de certaines enzymes liées au métabolisme énergétique. Ainsi, 96 heures après l’infection par le virus, l’activité de l’enzyme G6PDH, impliquée dans la réparation des dommages dus à l’oxydation, avait par exemple augmenté de 65 % pour les truites qui avaient été exposées au glyphosate pur et jusqu’à 138 % pour le groupe exposé à l’un des produits herbicides. Une autre enzyme, l’acétylcholinestérase, a vu son activité augmenter de 62 % après l’exposition au glyphosate pur et de 79 % suite à l’exposition à un des deux herbicides, tout en restant identique à celle du groupe témoin pour le groupe exposé à l’autre produit.
Ces résultats confirment l’importance de la prise en compte des facteurs environnementaux, comme les agents infectieux, dans l’évaluation des effets des produits chimiques sur les animaux.