PFAS

PFAS : Mieux connaître les expositions et les dangers

Les per- et polyfluoroalkylées, désignés collectivement sous le nom de PFAS, sont des substances chimiques qui partagent principalement une caractéristique : celle d’être très persistantes dans l’environnement. Cette persistance conduit à en retrouver dans tous les compartiments de l’environnement. Et, compte tenu du très grand nombre de substances, le défi majeur est de prioriser les actions pour prévenir ou limiter les risques sanitaires et environnementaux. L’Anses s’intéresse de longue date aux PFAS. Elle mène en parallèle plusieurs actions dans ce sens : caractériser les substances les plus fréquemment retrouvées, les niveaux de contamination auxquels les populations sont exposées et identifier les PFAS les plus toxiques. Tour d'horizon de ces travaux.

Réduire les émissions de PFAS à la source

Les PFAS ont comme point commun d’être très persistants dans l’environnement du fait de la présence de liaisons carbone – fluor dans une chaîne carbonée plus ou moins longue. De ce fait, comme pour toutes les substances qui tendent à s’accumuler dans les écosystèmes et la chaîne alimentaire, la priorité est d’agir à la source en limitant leurs émissions. Au niveau international, certains PFAS jugés très problématiques, comme le PFOS (sulfonate de perfluorooctane) et le PFOA (acide perfluorooctanoïque), ont déjà été très fortement restreints voire interdits.

Au niveau de l’Union européenne, une restriction portée par cinq États est en cours d’examen par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) qui rend compte régulièrement de l’avancée de ses travaux. Elle propose d’interdire en Europe la fabrication et la mise sur le marché de substances, mélanges et articles contenant des PFAS. Ces substances sont regroupées non pas en raison d’un même niveau de toxicité mais en raison de leur forte persistance dans l’environnement. C’est la première fois qu’un dossier de restriction porte sur une aussi vaste famille de substances (plusieurs milliers). L’objectif est d’éviter des substitutions en cascade de substances de la même famille. Le traitement du dossier de restriction prend du temps car il est nécessaire d’examiner les différents domaines d’usage et d’application des PFAS.

Dans le cadre de ce projet de restriction, des dérogations, pour la plupart limitées dans le temps, seront examinées pour certains usages essentiels et en fonction de la disponibilité d’alternatives. L’Anses suit avec attention et soutient ce projet de restriction et a contribué en ce sens à la consultation publique organisée en 2023. Elle participe aux travaux européens qui ont été engagés pour examiner ce projet de restriction dans le cadre du règlement REACH.

Toutefois, même en cas d’interdiction de fabrication et de mise sur le marché des PFAS, leur persistance dans l’environnement nécessite d’en poursuivre la surveillance dans les milieux. C’est pourquoi l’Anses concentre ses actions et travaux d’expertise pour repérer et recommander l’action sur les substances les plus présentes dans l’environnement et les plus problématiques pour la santé et l’environnement.

Etablir un état des lieux des contaminations aux PFAS en France

L’Anses a engagé des travaux pour préciser le niveau de contamination :

  • En général : prévu pour fin 2025, un bilan global est en cours pour décrire les contaminations aux PFAS dans les eaux, les aliments, l’air et les poussières intérieures (incluant les expositions professionnelles), les sols ainsi que leur présence dans les produits de consommation. Ce bilan, qui nécessite de recenser les dispositifs de surveillance existants, sera l’occasion d’en proposer des évolutions si nécessaire.
  • Pour l’eau de consommation : la nouvelle campagne exploratoire lancée au printemps 2024 par le laboratoire d’hydrologie de l’Anses prend en compte plusieurs PFAS, dont les 20 identifiés par la directive eau 2020/2184. Ces campagnes servent à recueillir des données sur des composés émergents non réglementés ou mal connus pour faire évoluer l’évaluation des risques sanitaires et le contrôle des eaux. Les résultats seront publiés d’ici 2026.
  • Dans les aliments : une vingtaine de PFAS ont été intégrés à l’étude de l’alimentation totale dont la 3ème édition est en cours de réalisation. Ces données contribueront à préciser l’exposition de la population à ces substances par voie alimentaire. Les résultats sont attendus pour 2026.
  • L‘Agence prendra également en compte les données collectées dans le cadre du plan d’actions interministériel 2024 sur les PFAS.

Repérer les PFAS les plus présents et les plus toxiques

Les PFAS représentant plusieurs milliers de substances - entre 4 000 et 10 000 -  il est nécessaire d’évaluer en priorité les plus dangereux et les plus présents dans l’environnement. Pour ce faire, l’Agence a développé et affine actuellement une méthode de priorisation des PFAS qui permettra d’élaborer une liste hiérarchisée des substances à surveiller en priorité dans les différents milieux. Ces substances viendraient s’ajouter à la liste des polluants toxiques et persistants – dioxines, PBB, retardateurs de flammes…- qui font l’objet d’une surveillance particulière et de mesures de gestion en cas de présence au-delà des seuils. De cette liste découleront également les substances nécessitant la construction de repères scientifiques en appui aux actions de surveillance.

L’objectif des travaux scientifiques est d’identifier les PFAS pour lesquels des repères pour l’évaluation des risques sont à construire, ou bien des données scientifiques à produire, en prenant aussi en compte les actions menées par les homologues de l’Anses à l’international.

Matthieu Schuler
Directeur GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ DU PÔLE SCIENCES POUR L'EXPERTISE DE L’ANSES

Construire des repères utiles à l’évaluation des risques

Pour les substances les plus prioritaires, sans valeurs sanitaires de référence, il est difficile d’évaluer les risques liés à l’exposition à ces substances et d’aider les pouvoirs publics à fixer les concentrations à ne pas dépasser.

Pour plus d’efficacité, l’Agence incite à tenir compte des travaux et des initiatives des autres agences et organisations homologues. Elle a déjà recensé les valeurs de référence existantes émises dans d’autres pays ou au niveau international, pour les 20 PFAS à suivre dans les EDCH. Elle poursuit ce travail par l’analyse critique des valeurs toxicologiques de référence (VTR) existantes. Pour les VTR qui n’existent pas, ou sont jugées non pertinentes, l’Agence en proposera de nouvelles. C’est sur la base de ces VTR long terme par voie orale que les autorités sanitaires (ministère de la santé, ARS…) établiront des valeurs de gestion.

Qu'est-ce qu'une VTR ?

Les VTR - valeurs toxicologiques de référence - établissent une relation entre une quantité de substance chimique et un effet néfaste ou une probabilité de survenue d'effet. Ces indicateurs toxicologiques sont construits pour protéger la population dans son ensemble, y compris les populations sensibles comme les enfants, les femmes enceintes mais aussi les personnes malades. Il existe des VTR externes spécifiques d’une voie d’exposition : orale, respiratoire, cutanée, etc., et des VTR internes (valeurs mesurées dans une matrice biologique tel que le sang).

Se mobiliser au niveau national

L’Anses intervient comme contributeur ou pilote de plusieurs actions du plan d’actions interministériel 2024 sur les PFAS aux côtés des autres acteurs de la sécurité sanitaire et environnementale.

Concernant la sécurité sanitaire de l’eau, elle collabore étroitement avec le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) dans l’appui aux pouvoirs public à la gestion des risques liés aux PFAS. Par ailleurs, le laboratoire d’hydrologie de l’Anses travaille à renforcer la fiabilité des résultats des analyses d’eau et de leur interprétation par les laboratoires agréés.

L’Anses contribue également à renforcer la qualité des résultats produits par les laboratoires agréés en réalisant des travaux d’appui technique et elle est impliquée dans les travaux de normalisation à l’échelle nationale, européenne et internationale pour produire des normes d’analyses robustes permettant de disposer de données comparables et répondant aux exigences de la règlementation.

Travailler à l’échelle européenne

La préoccupation soulevée par les PFAS n’est pas propre à la France. L’étude de substances de cette famille est ainsi intégrée au Partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques (PARC). Coordonné par l’Anses, ce partenariat de grande envergure a pour ambition de concevoir une évaluation des risques des substances chimiques de nouvelle génération afin de mieux protéger la santé et l’environnement à l’échelle européenne.

Par ailleurs, l’Agence échange avec ses homologues européens et avec l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur les enjeux sanitaires et sur les méthodes développées pour expertiser ces substances.

D’autre part, l’Anses appuie la Direction générale de la Santé dans les groupes experts européens visant à établir les guides techniques nécessaire à la mise en œuvre de la Directive eaux potables.

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